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LETTRE DE SLUSE A PASCAL 335

VOUS avez autrefois considérées sous une autre forme. Je luy leverois le masque si je n'estois asseuré que vous aurez plus de plaisir à le luy oster vous mesme, et que vous le ferez sans beaucoup de peine.

Le passage d'Isaïe^ c. 49, v. 5 a une difficulté si an- ciene et si cognuë, que je m'estimerois téméraire si, après tant de grans hommes j'en voulois donner mon jugement. Longtemps avant [?] S^ Jerosme Ton a douté si Ton de- vait suivre le i"^p ou le ^inD et l'ancien interprète Aquila ayant suivy celui là plus tost que cestuy-ci, en a esté re- prinst par ce grand Docteur qui appelé le p pharlsaicam expositionem. J'avoue pourtant qu'il y a plusieurs lieux de l'escriture où il y a {<^ et neantmoins on lit i^ Les Massorets en content jusques à i5 dans le nombre des- quels cestui-cy n'est point. Je sçay aussy que la version

��I. Isaï. XLIX, 5 : Et nunc dicit Dominus, formans me ex utero ser- vum sibi, ut reducam Jacob ad eam, et Israël non congregabitur : et glo- ficatus sum in ocuUs Domini, et Deus meus factus est fortitudo mea. Tel est le texte donné par Théodotion et Symmaque. Mais les rabbins delà Massora (cf. Pensées, T. III, p. 72, note i) ont, dans le texte hébreu, demandé que le non congregabitur fût changé en ilii congregabitur; d'autres entendent encore an non congregabitur. Le grec des Septante est traduit ainsi en latin : formavit me ex utero servum sibi, ut congregarem Jacob et Israël : congregabor et glorijicabor coram Domino et Deus meus erit fortitudo mea... Saint Jérôme dans son Commentaire s'en étonne : Satis miror quomodo vulgata editio, fortissimum contra Judxorumperfidiam iestimonium alia interpretatione subverterit, dicens : Congregabor et glori- ficabor coram Domino: cum Theodotio et Symmachus nostrse inlerpretioni congruant. De Aquila autem non miror, quod homo eruditissimus linguse Hebraicse, et verbam de verbo exprimens, in hoc loco aut simularit impe- ritiam, aut Pharisœorum perversa expositione deceptus sit, qui interpre- tari volait, et Israël ei congregabitur, hoc est, Deo ; cum verbum He- braicumhO, inhoc loco non scribatur per LAMEDe/ VAU (^^) : quod si esset, signijicaret ei vel illi ; sed per LAMEDe^ ALEPH({<'|5), quod pro- prie non sonat. — Pascal demanda sans doute ce renseignement à Sluse au moment où il traduisait ce chapitre d'Isaïe, cf. Pensées, fr. 726, T. III, p. 178. II semble avoir adopté la leçon de la Massora.

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