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chacune en leur temps pour le bien de la vérité, qui est la dernière fin des fidèles, au lieu que la paix et la guerre n'en sont que les moyens, et ne sont légi- times qu'à proportion de l'advantage qui en revient à la vérité. Ils sçavent que c'est pour cela que l'Es- criture dit, qu'il y a un temps de paix et un temps de guerre\ au lieu qu'on ne peut pas dire qu'il y a un temps de vérité et un temps de mensonge et ^qu'il est meilleur qu'il arrive des scandales que non pas que la vérité soit abandonnée, comme disent les Saincts Pères de l'Eglise.

Il est donc indubitable que les personnes qui prennent tousjours ce prétexte de charité et de paix, pour empescher de crier contre ceux qui destruisent la vérité, tesmoignent qu'ils ne sont amis que d'une fausse paix, et qu'ils sont véritablement ennemys et de la véritable paix et de la verité\ Aussi c'est tous- jours sous ce prétexte de paix que les persécuteurs de l'Eglise ont voilé leurs plus horribles violences, et que les faux amis de la paix ont consenty à l'oppres- sion des veritez de la Religion et des Saincts qui les ont defPenduës.

ram : non veni pacem mittere, sed gladium. — Luc. XII, 5i : Putatis quia pacem veni dare in terrant? Non, dico vobis, sed separationem.

1. Eccl. III, 8 : Tempus belli et tempus pacis. — Cf. Pensées, fr. 862, T. III, p. 3o4 et la note 3.

2. B. [les Pères de l'Eglise nous enseignent]. — Texte de Saint Bernard, ad Guill. Abat., cité par Arnauld, (préface de la Fréquente communion, in fine) : Ipsis itaque illud Gregorianum respondeo : Melius est ut scandalum oriatur quam veritas relinquatur.

3. Cf. Pensées, fr. 930, T. III, p. 371. « C'est une Ausse pieté de conserver la paix au préjudice de la vérité ; c'est aussi un faux zèle de conserver la vérité en blessant la charité. »

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