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eux mesmes, establissent leurs traditions humaines sur la ruine des traditions divines.

Mais c'est en vain qu'ils employent cet artifice. Nostre amour pour la paix a assez paru par la lon- gueur de nostre silence; Nous n'avons parlé que quand nous n'eussions peu nous taire sans crime. Ils ont abusé de celte paix pour introduire leurs dam- nables opinions, et ils voudroient maintenant en pro- longer la durée pour les affermir de plus en plus. Mais les vrais enfans de l'Eglise sçavent bien discer- ner la véritable paix que le Sauveur peut seul don- ner, et qui est inconnue au monde, d'avec cette fausse paix que le monde peut bien donner, mais qui est en horreur au Sauveur du monde. Ils sça- vent que la véritable paix est celle qui conserve la vérité en la possession de la créance des hommes, et que la fausse paix est celle qui conserve l'erreur en possession de la crédulité des hommes. Ils sçavent que la véritable paix est inséparable de la vérité, qu'elle n'est jamais interrompue aux yeux de Dieu par les disputes qui semblent l'interrompre quelques fois aux yeux des hommes, quand l'ordre de Dieu en- gage à defPendre ses veritez injustement attaquées, et que ce qui seroit alors une paix devant les hommes, seroit une guerre devant Dieu^ Ils sçavent aussi que

��et la Vérité défendues, i652 et dans la Remontrance aux PP. Jé- suites, i65i.

I . Pascal est revenu souvent sur cette opposition qu'il y a entre l'amour de la vérité et le désir de la paix, sans doute parce qu'il se heurtait sans cesse aux objections de certains de ses amis qui vou- laient le silence. (Cf. les dernières Provinciales, supra T. VI, p. 3'^2

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