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SECOND ÉCRIT DES CURÉS DE PARIS. — INTRODUCTION 30o

qu'il y en a plusieurs qui ne peuvent voir sans douleur, qu'on blesse si sensiblement la charité par ces animosités.

Et la vénération que nous avons non seulement pour leur characlere, mais encore pour leurs personnes, nous oblige à croyre que cet escrit scandaleux n'est point l'ouvrage de leur esprit, mais un fruit illégitime que la passion de nos enne- mis a produit, et que leur malice a supposé pour nous oster le pouvoir de nous deffendre, sans blesser ceux dont l'hon- neur nous est en aussi grande considération, que le nostre mesme. Mais quelque artifice qu'ils apportent à se cacher, on voit bien de quel costé soufle le vent de la calomnie, et d'où sort le serpent qui nous attaque ; on l'a veu se glisser dans les maisons, montrer la pomme de discorde, dire qu'il en faut taster, et que jamais il ne s'offrira d'occasion plus favo- rable de la cueillir. C'est pourquoy il nous sufEt de le mons- trer pour le vaincre, et l'unique moyen de défense que nous estimons nécessaire en cette rencontre, est de faire voir aux gens de bien que nous n'attribuons point ce Factum à tous Messieurs les Curés de Paris, qu'il est indigne de leur pieté et de leur vertu, et comme nous ne leur imputons point les faussetés et les impostures dont il est rempli, que nous ne prétendons point aussi, qu'ils ayent part à l'infamie, qui en revient à ses Autheurs [p. 3io].

...Qui croira que Messieurs les Curés de Paris qui sont par le devoir de leur charge, les médiateurs de la paix entre les séculiers, soient les Autheurs d'un escrit qui jette le schisme et la division entre eux et les Religieux ? Qui croira enfin que des esprits si esclairés n'ayent pas eu asses de lumière pour voir le préjudice qu'ils se feroient eux mesmes en nous calomniant de la sorte, ny ce qu'on diroit à Rome d'un pro- cédé si peu Chrestien, ny ce qu'en pourroient penser les na- tions étrangères, où les Jansénistes ont esté déclarés calom- niateurs, et les Jésuites innocens; si elles sçavoient que les Jésuites fussent accusez par Messieurs les Curés de Paris comme les approbateurs d'une Morale Payenne, et les Jan- sénistes par suite tacitement absous. Certes nous ne pouvons 2« série. IV 2Q

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