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sa moralle, au milieu des desordres de ceux qu'elle n'a pu empescher de les violer. Ainsi quand on y a veu des mauvais Chrestiens, on y a veu en mesme temps des Loix sainctes qui les condamnoient et les r'appeloient à leur devoir ; et il ne s'estoit point en- core trouvé avant ces nouveaux Gasuistes, que per- sonne eust entrepris dans l'Eglise de renverser pu- bliquement la pureté de ses règles.

Cet attentat estoit réservé à ces derniers temps, que le Clergé de France appelle la lye et la fin des siècles, où ces nouveaux Théologiens au lieu d'ac- commoder la vie des hommes aux préceptes de Jes as- Christ, ont entrepris d'accommoder les préceptes et les règles de J.-C. aux interests, aux passions , et aux plaisirs des hommes^. C'est ^par cet horrible renver- sement qu'on a veu ceux qui se donnent la qualité de Docteurs et de Théologiens, substituer à la véri- table moralle, qui ne doit avoir pour principe que l'authorité divine et pour fin que la charité, une mo- rale toute humaine qui n'a pour principe que la raison et pour fin que la concupiscence et les passions de la nature. C'est ce qu'ils déclarent avec une har- diesse incroyable comme on le verra en ce peu de maximes qui leur sont les plus ordinaires. Une ac- tion, disent-ils, est probable et seure en conscience si elle est appuyée sur une raison raisonnable, ratione

1. Cf. ces citations de la Circulaire aux Évêques, supra p. 260 sqq.

2. P. (exemplaire suivi): [à]. — Cf. Pensées, fr. 907,T. III, p. 335. « Les Gasuistes soumettent la décision à la raison corrompue, afin que tout ce qu'il y a de corrompu dans la nature de l'homme ait part à sa conduite. » Voir aussi le 5* Ecrit des Curés, infrap. S5^.

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