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FACTUM POUR LES CURÉS DE PARIS 279

la patience avec laquelle ils ont esté jusques icy souf- ferts a esté pernicieuse à l'Eglise, on connoisse la nécessité qu'il y a de n'en plus avoir aujourd'huy. Mais il importe auparavant de bien faire entendre en quoy consiste principalement le venin de leurs mes- chantes doctrines, à quoy on ne fait pas assés de reflexion.

Ce qu'il y a de plus pernicieux dans ces nouvelles

  • moralles, est qu'elles ne vont pas seulement à cor-

rompre les mœurs, mais à corrompre la règle des mœurs, ce qui est d'une importance tout autrement considérable. Car c'est un mal bien moins dange- reux et bien moins gênerai d'introduire des déregle- mens en laissant subsister les Loix qui les deffendent, que de pervertir les Loix, et Me justifier les déregle- mens, par ce que comme la nature de l'homme tend tousjours au mal dés sa naissance, et qu'elle n'est or- dinairement retenue que par la crainte de la Loy, aussi-tost que cette barrière est ostée, la concupis- cence se répand sans obstacle, de sorte qu'il n'y a point de différence entre rendre les vices permis, et rendre tous les hommes vicieux^

Et de là vient que l'Eglise a tousjours eu un soin particulier de conserver inviolablement les règles de

��1. P. [doctrines].

2. P. de, manque.

3. Cf. Pensées, fr. 894, T. ITI, p. 827. « Ceux qui ayment l'Eglise se plaignent de voir corrompre les mœurs ; mais au moins les loix subsistent. Mais ceux-ci corrompent les loix : le modèle est gasté. » — Ihid. fr. 914, p- 338. « Ils laissent agir la concupiscence et retien- nent le scrupule, au lieu qu'il faudroit faire au contraire. »

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