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sitions que tout le monde condamne, sont dans un livre ? Et peut-on s'imaginer que ce soit seulement pour faire croire ce point, qu'on exige des signatures de toute TEglise? Il faudroit estre bien simple. S'ils avoient tant voulu le faire croire, ils n'avoient qu'à en citer les pages : et s'ils avoient eu dessein de nous éclaircir tout de bon, ils nous auroient expliqué ce sens de Jansenius, qu'ils condamnent sans dire ce que c'est, comme dit fort bien la i8\ que mon fils m'a montrée ce matin. Recon- noissez-le donc. Monsieur. Ils n'ont pensé qu'à eux, et non pas à nous. Ils n'ont choisi ce point, que parcequ'il leur estoit favorable, à cause de la passion qu'on a contre Jansenius. Ils ont voulu ménager cette occasion, et tour- nant à leurs fins le désir qu'on a témoigné de voir con- damner cette doctrine, ils ont crû que nous y serions assez échaufez pour acheter leurs Bulles par la perte de nos libériez.

Comme j'écrivois ces dernières lignes, je viens de voir un Conseiller des plus habiles, qui m'a dit que c'est une maxime constante dans les Parlemens, qu'ils sont les juges légitimes et naturels des questions de fait qui se rencontrent dans les matières ecclésiastiques, et qu'ainsi n'estant question icy que de sçavoir si les 5. Propositions condamnées sont tirées de Jansenius, il leur appartient d'examiner si elles y sont, au cas qu'on leur présente cette Bulle. De mesme que dans la célèbre conférence de Fontainebleau, où le Cardinal du Perron accusa de faux 5oo. passages des Pères alléguez par Du Plessis Mornay, le Roy Henri IV. nomma des Commissaires laïques pour juger cette affaire, oii il estoit question d'examiner si ces passages estoient véritablement dans les Pères, comme il

I. Cf. la dix-huitième Provinciale, sapra p. 25.

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