DIX-HUITIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 9
aucune que Calvin n'ait aussi bien reconneuë. Lors que la Grâce suffisante luy semble un monstre dans la Théologie, et qu'il nie qu'il y ait jamais aucune Grâce médicinale qui n'aye son effet. Lors qu'il impute à erreur aux Semipelagiens, ce qu'ils disoient, que nostre volonté peut oheyr ou résister à la grâce. Et puisqu'il est évident que cette doctrine est contraire à la manière dont les Docteurs Catholiques expliquent la Grâce efficace par elle mesme, et qu'elle est plutost conforme à celle qui a esté suivie par Calvin, il faut conclure, que réduisant le sens des cinq Propositions condamnées au sens de la Grâce efficace par elle mesme, comme elle a esté expliquée par Jansenius, c'est le réduire à un sens hérétique : et que tous ceux qui suivent cette explication, ne sont pas seulement dis- ciples de Jansenius, mais qu'ils le sont encore de Calvin [p. 35 sq.]
Quant à ce que le Secrétaire ajouste sur la fin de sa lettre, de la compassion qu'il a de voir que je suis abandonné de Dieu, j'ay trois choses à luy dire : La première, que dés que l'esprit de boufonnerie le quitte, il ne fait rien qui vaille dans ses lettres, et se rend ennuyeux et mesprisable à ceux qui les lisent. La seconde, Qu'une neufvaine à la saincte Espine seroit bien employée, pour obtenir de Dieu la guerison de son aveuglement. La troisiesme, Que je conçois une particu- lière confiance, de voir que je suis abandonné de Dieu, dans l'esprit de ceux qui croyent que Dieu a abandonné son Eglise; et qu'il va la destruisant tous les jours, comme font les Jansénistes attachez aux traditions du feu Abbé de S. Cyran.
S'il luy prend envie de répliquer quelque chose ; qu'il n'en- voyé plus ses écrits aux presses d'Osnabruk. C'est se donner de la peine pour plaisir. Amsterdam, Leyden, et Genève, sont plus à sa commodité ; et dans tous ces lieux il ne trouvera pas seulement la permission d'imprimer ses ouvrages, on luy en donnera mesme l'approbation. Apres tout, les Jansénistes sont hérétiques.
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