8 ŒUVRES
tous dans l'unité de la foy, et dans la communion de l'Eglise [pp. 26 et 34].
Pour sçavoir donc si la doctrine de Jansenius est à couvert par la profession qu'il fait de défendre la Grâce efficace par elie-mesme, il faut sçavoir de quelle manière il la défend; si c'est la manière de Calvin, ou celle des Docteurs Catho- liques.
Calvin défend tellement la Grâce efïîcace par elle-mesme, qu'il croit qu'elle ne nous laisse autre liberté, que la liberté de contrainte : nous assujettissant au reste à la nécessité d'agir, qui nous oste le pouvoir d'y résister tandis que la Grâce per- sévère. Les Docteurs Catholiques sont d'accord que la Grâce efficace par elle-mesme, gouverne tellement nostre volonté, qu'elle nous laisse le pouvoir d'y résister; en sorte que ces deux choses se trouvent ensemble, la Grâce dans la volonté, et dans la mesme volonté sous la grâce un pouvoir suffisant pour s'empescher d'y consentir : et ils ne doutent point que ce ne soit le véritable sens des paroles du Concile de Trente, potest dissentire. Bannez et Molina, et tous les Docteurs Catho- liques qui ont les sentimens les plus esloignez, et les plus opposez sur le fait de la Grâce, sont toutefois unis en ce point-là.
Ils le sont encore en cettuy-cy. Que la Grâce sous cette formalité d'efficace, n'est pas tellement nécessaire aux bonnes actions, qu'elle ne puisse eslre suffisante sans cela, et nous donner tout le pouvoir qui est requis pour faire que ce que Dieu exige de nous, et que pourtant nous ne faisons pas, nous soit véritablement possible, mesme lors que nous man- quons à le faire; d'où il arrive bien souvent que par nostre faute, la Grâce n'a pas son effet.
Je demande donc au Secrétaire, si Jansenius est de ce sentiment, lors qu'il enseigne qu'il ne faut pas craindre que la nécessité, de quelque nom qu'on rappelle, nous oste la liberté; pourveu que ce ne soit point une nécessité de contrainte. Lors qu'il dispute contre l'indifférence de la liberté, et ne nous en laisse aucune que Calvin ait refusée : ny n'en reconnoist
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