LETTRE D'UN AVOCAT. — INTRODUCTION 189
tas Ecclesiœ GalUcanœ, comme dit M. Pithou. De sorte que la maxime capitale de France, est de tenir que le Concile uni- versel est au-dessus du Pape, et qu'on peut appeler des Papes au Concile, comme il a été décidé en plein concile universel, et comme il a toujours été pratiqué en ce Royaume, selon les ordonnances; au lieu que la maxime capitale de Rome, est de faire croire que le Pape est souverain dans le spirituel et dans le temporel, comme Boniface VIII. le décide sous peine d'heresie ; que le Pape peut enjoindre de croire tel article qu'il propose, et que sa détermination suffit sans aucune recherche ni examen. Or comme sur ces maximes, Rome et la France sont aussi contraires, qu'elles sont d'accord dans les points qui concernent véritablement la foi catholique, on a toujours vu les agens de Rome faire tous leurs efforts, pour introduire leurs maximes, et les Parlemens au contraire faire leur de- voir, pour conserver contre ces usurpations les maximes fon- damentales de l'Etat et de la foi [p. 211].
XIII. — C'est dans cet esprit de Rome que la Bulle ordon- nant de ne rien dire ni écrire de contraire à la décision du Pape, ce qu'il a le pouvoir de faire, ordonne encore de croire ce qu'il a décidé lui seul, teneant; et c'est ce qu'on ne lui a jamais accordé ; car on sait trop bien en France, qu'il n'en a pas le droit, et qu'après les étranges décisions des Papes, pour s'assujettir les Etats et les personnes de nos rois, c'est une même chose de dire que le Pape seul a le pouvoir d'imposer nécessité de croire, et de dire que les Rois sont leurs sujets, même aux choses temporelles ; puisqu'ils ont déclaré héréti- ques ceux qui ne le croiront pas ; aliter sentientes hœreticos re- putamas; ce sont les propres paroles de Boniface VIII. à Phi- lippe le Bel [jD. 210].
XIV. — C'est dans ce même esprit que le Pape déclare qu'on a examiné cette matière avec la plus grande diligence qui se puisse désirer, qua major desiderari non potest, quoi- qu'il n'ait fait autre chose que de la faire examiner par i3. Réguliers, tels qu'il lui a plu choisir ; pour donner à enten- dre, que quand le Pape a décidé un point de fait sans concile,
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