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LETTRE D'UN AVOCAT . — INTRODUCTION 179

d'attaquer ; il fallait écarter la persécution menaçante, et tous les regards étaient en ce moment tournés vers le Parlement. Déjà le 19 mai, dans une Lettre d'un Ecclésiastique à son Eues- que touchant la signature du formulaire de l^ Assemblée du Clergé, 12 p. in-4, attribuée non sans vraisemblance à Arnauld, on pouvait lire ces paroles menaçantes, p. 11 : « ... Que si je ne puis avoir aucune Justice de l'Injustice et de la violence que vous exerceriez contre moy, si ma voix ne peut estre ouye de personne dans l'Eglise, l'on ne m'ostera pas le moyen de remontrer au Parlement l'abus d'une procédure si irreguliereet si contraire aux Canons de l'Eglise et à l'Ordre de tous les Jugemens. Que si tout me manquoit, je demanderay à Dieu la grâce de sou- frir avec patience tous les maux dont je seray affligé, et je ne croiray point estre coupable d'aucun trouble n'y d'aucun schisme. »

L'Assemblée du Clergé (qui, entourée du discrédit univer- sel, allait péniblement se dissoudre le 28 mai) avait demandé au Roi, le 17 mars, de faire enregistrer la bulle et d'adresser au Parlement une déclaration capable d'arrêter aussitôt les appels comme d'abus, et par suite de rendre immédiatement exécutoires les pénalités que les évêques jugeraient bon d'in- fliger. C'était réveiller les anciennes susceptibilités des par- lementaires gallicans ; on ne tarda pas à s'apercevoir que l'on se heurterait à des résistances très vives, notamment de la part des cinq chambres des Enquêtes. Le nonce, de son côté, voyait l'erreur de tactique que l'on avait commise ; il ne pouvait accepter que le Parlement, qui en manifestait l'inten- tion, examinât le fait affirmé dans des bulles papales; il se rendait compte aussi que la question de l'infaillibilité — ques- tion depuis longtemps réservée — allait être reprise à nou- veau. Mazarin enfin craignait alors le Parlement. Aussi les négociations se prolongèrent-elles longtemps : deux projets de déclarations royales préparés en avril par Séguier furent bru- talement rejetés par le ministre. A la fin du mois d'avril, l'ar- chevêque de Toulouse, Marca, s'avisa d'un expédient plus ha- bile ; il proposa de rédiger deux déclarations, adressées l'une

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