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SEIZIÈME PROVINCIALE


Si M. ¹de S. Gyran et M. Arnauld² n'avoient fait que dire ce qu'on doit croire touchant ce mystere, et non pas ce qu'on doit faire pour s'y preparer, ils auroient esté les meilleurs catholiques du monde, et il ne se seroit point trouvé d'equivoques dans leurs termes de presence reelle et de transsubstantiation. Mais parce qu'il faut que tous ceux qui combattent vos relâchements soient heretiques, et dans le point mesme où ils les combattent, comment M. Arnauld ne le seroit-il pas sur l'Eucharistie, aprés avoir fait un livre exprés contre les profanations que vous faites de ce Sacrement? Quoy, mes Peres, il auroit dit impunément,qu'on ne doit point donner le corps de Jesus-Christ à ceux qui retombent tousjours dans les mesmes crimes, et ausquels on ne voit aucune esperance d'amendement ; et qu'on doit les separer quelque temps de l'Autel, pour se purifier par une penitence sincere, afin de s'en approcher en suite avec fruit³. Ne souffrez pas qu'on parle ainsi, mes Peres; vous n'auriez pas tant de gens dans vos confessionnaux. Car vostre P. Brisacier dit que si vous suiviez cette methode, vous n'appliqueriez le sang de Jesus-Christ sur personne⁴. Il vaut bien mieux pour vous qu'on suive la pratique de vostre Societé, que vostre P. Mascarenhas rapporte dans un livre ap-

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1. B. [l'Abbé]; d'après W : clarissimus Abbas .

2. W. Doctor Arnaldus.

3. W. ne met pas ici de caractères italiques ; ceci n'est qu'un résumé du livre de la Fréquente Communion.

4. Cf. cette citation dans la quinzième Provinciale, supra p. 203 et T. V, p. 301 sq.