cette grande verité, qui releve infiniment le mystere de
l'Eucharistie, ait été prise pour un sujet legitime d'une aussi estrange
calomnie, comme est celle d'accuser un Prestre catholique et
un Docteur de Sorbonne d'estre Calviniste, et de ne croire
pas la Transubstantiation, ny la presence reelle de JESUS-CHRIST
dans l'Eucharistie en m'accusant que j'ay voulu dire
par là : Que nous qui sommes voyageurs ne recevons JESUS-CHRIST
que par la foy, qui est communier à la Calviniste, et
sans admettre aucune Transubstantiation ? [P. Annat,
Response à quelques demandes, p. 38]. Comme si attribuer à
l'estat auquel nous sommes en cette vie, qui est celuy de la
foy, ce que nous recevons le pain des Anges caché sous les
voiles des especes du Sacrement, et non à découvert comme
les bien-heureux en l'estat de l'autre vie, qui est celuy de la
claire vision, estoit enseigner que nous ne recevons JESUS-CHRIST
que par la foy comme font les Calvinistes, et n'admettre
aucune Transubstantiation dans l'Eucharistie [p. 273 sq.].
Mais on n'a pû tirer cette horrible consequence de mes paroles qu'en changeant ma proposition sous pretexte de l'expliquer et me faisant dire : Qu'il n'y a point d'autre difference entre la maniere dont nous mangeons icy bas le corps de JESUS-CHRIST et la maniere dont les bien-heureux le reçoivent dans le ciel que celle qui se prend d'une claire et d'une obscure connoissance [P. Annat, p. 38].
p. 239. Car je n'ay pas dit que les Anges et les Bien-heureux mangent dans le ciel tout ce que nous mangeons sur la terre dans l'Eucharistie. Mais j'ay dit simplement avec l'Eglise, que nous mangeons dans l'Eucharistie ce que les Anges et les bien-heureux mangent dans le ciel. N'ayant eü dessein en ce lieu-là que de representer la pureté qui est necessaire pour recevoir l'Eucharistie, j'ay creü ne le pouvoir faire plus fortement, qu'en representant l'excellence de cet adorable mystére et en declarant, qu'il n'est pas seulement un sacrement visible, et qu'il ne contient pas mesme seulement la chair et le sang de JESUS-CHRIST sous les apparences du pain et du vin : mais qu'il contient encore et qu'il est veritable-