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8 ŒUVRES

d’un Ministre railleur, pour égratigner des Religieux, et faire rire des Athées et des Libertins.

XV. XVI. XVII. XVIII. IMPOSTURE. — Que lors que les Jesuites asseurent qu’il n’est pas permis de tuer un homme pour de simples médisances, ce n’est pas parce que la Loy de Dieu le defend 1....

RESPONSE. — Il semble que cet homme s’est mis en possession, de tromper le monde impunément à force de mentir. Car dans ce seul reproche il a commis tout à la fois quatre impostures les plus infames, qu’on se puisse imaginer. La premiere qui est plus universelle, regarde tous les Autheurs Jesuites qui soutiennent qu’on ne peut tuer un calomniateur en seureté de conscience. Car ce Janseniste leur impose, que selon leur sentiment il est permis de tuer pour de simples médisances, que s’ils le condamnent, ce n’est pas parce que la Loy de Dieu le defend, et qu’ils ne le prennent pas par là, et que ce n’est qu’une defense Politique, et non pas de Religion [p. 33].

A cela il me suffit de dire pour le confondre, sans rapporter un grand nombre d’Autheurs qui le démentent, que Vasquez et Suarez sont Jesuites, et que tous deux enseignent qu’il n’est pas permis de tuer un calomniateur : qu’il écoute donc comme ils en parlent, et s’il luy reste encore quelque bon sentiment il rougira sans doute de les avoir calomniez avec tant de temerité [p. 42 sq.].

« Il n’est pas permis, dit Vasquez, de tuer celuy que je sçay certainement devoir déposer une fausseté devant le Juge.... Non licet illum occidere quem scio certò depositurum falsum apud judicem, quia ille non potest dici invasor. Licèt enim contra jus faciat, non tamen contra ordinem juris. De ratione autem aggressoris est, ut contra jus, et ordinem juris injuriam inferat, et ita in hoc casu, qui occideret hunc, peccaret contra justitiam, tenereturque restituere. Vasques tract, de restit. c. 2. § 1. d. 7 n. 24 [p. 43.]

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1 . Le Père Nouet reproduit ici au style indirect un fragment de la septième Provinciale, cf. supra T. V, p. 100 sq.