faire croire en tous vos escrits, que c'est blesser
l'honneur de l'Eglise, que de blesser celuyde vostre
Societé. Et ainsi, mes Peres, il y auroit lieu de trouver
estrange, que vous ne missiez ¹cette maxime en
prattique. Car il ne faut plus dire de vous, comme
font ceux qui ne vous connoissent pas : Comment
² voudroient-ils calomnier leurs ennemis, puisqu'ils
ne le pourroient faire que par la perte de leur salut ?
Mais il faut dire au contraire : Comment ³voudroient-ils
perdre l'avantage de décrier leurs ennemis,
puisqu'ils le peuvent faire sans hazarder leur
salut ? Qu'on ne s'estonne donc plus de voir les
Jesuites calomniateurs : ils le sont en seureté de
conscience⁴, et rien ne les en peut empescher ;
puisque par le credit qu'ils ont dans le monde, ils
peuvent calomnier sans craindre la justice des
hommes ; et que par celuy qu'ils se sont donnez sur
les cas de conscience, ils ont estably des maximes
pour le pouvoir faire sans craindre la justice de Dieu.
Voila, mes Peres, la source d'où naissent tant de noires impostures. Voila ce qui en a fait répandre à vostre P. Brisacier, jusqu'à s'attirer la Censure de feu M. l'Archevesque de Paris⁵ . Voila ce qui a porté
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1. A. [pas].
2. B. [ces bons Peres] voudroient-ils... ; d'après W : An boni illi Patres.
3. B. [ces bons Peres] voudroient-ils...; d'après W : An boni illi Patres.
4. Cf. Pensées, fr. 895, T. III, p. 328: « Jamais on ne fait le mal si pleinement et si gaiement que quand on le fait par conscience. »
5. Sur le livre de Brisacier, cf. la onzième Provinciale, supra T. V, pp. 328 sq. et 297.