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QUATORZIÈME PROVINCIALE


teur, qu'ils luy sacrifient leur vie par la fureur des duels à laquelle ils s'abandonnent; leur honneur, par l'ignominie des supplices ausquels ils s'expo- sent ; et leur salut, par le péril de la damnation auquel ils s'engagent, et qui les a fait priver de la sepulture mesme par les Canons Ecclesiastiques. Mais on doit loüer Dieu de ce qu'il a éclairé l'esprit du Roy par des lumieres plus pures que celles de vostre Theologie. Ses Edits si severes sur ce sujet n'ont pas fait que le duel fust un crime, ils n'ont fait que punir le crime qui est inseparable du duel. Il a arresté par la crainte de la rigueur de sa justice, ceux qui n'estoient pas arrestez par la crainte de la justice de Dieu : et sa pieté luy a fait ¹connoistre que l'honneur des Chrestiens consiste dans l'observation des ordres de Dieu et des regles du Christianisme ; et non pas dans ce fantosme d'honneur, que vous pretendez, tout vain qu'il soit, estre une excuse legitime pour les meurtres. Ainsi vos decisions meurtrieres sont maintenant en aversion à tout le monde, et vous seriez mieux conseillez de changer de sentimens, si ce n'est par principe de Religion, au moins par maxime de Politique. Prevenez, mes Peres, par une condamnation volontaire de ces opinions inhumaines, les mauvais effets qui en pourroient naistre, et dont vous seriez responsables. Et pour ²concevoir plus d'horreur de l'homi-

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1. W. Vidit propriæ monitu pietatis Rex Christianissimus...

2. B. [recevoir] ; faute d'impression corrigée dans les éditions postérieures.