ce que vous permettez expressément. On vous défie
d’en montrer aucun qui permette de tuer pour
l’honneur, pour un soufflet, pour une injure, et une
médisance. On vous défie d’en montrer aucun qui
permette de tuer les témoins, les juges, et les
Magistrats, quelque injustice qu’on en apprehende. ¹Son
esprit est entierement éloigné de ces maximes
seditieuses, qui ouvrent la porte aux soulevemens,
ausquels les peuples sont si naturellement portez. Elle a
toujours enseigné à ses enfans qu’on ne doit point
rendre le mal pour le mal : qu’il faut ceder à la
colere : ne point resister à la violence : rendre à
chacun ce qu’on luy doit, honneur, tribut, soumission :
obeïr aux Magistrats et aux Superieurs
mesme injustes ; parce qu’on doit toûjours respecter
en eux la puissance de Dieu qui les a establis sur
nous². Elle leur defend encore plus fortement que
les loix civiles de se faire justice à eux-mesmes ; et
c’est par son esprit que les Rois chrestiens ne se la
font pas dans les crimes mesmes de leze-Majesté au
premier chef, et qu’ils remettent les criminels entre
les mains des Juges, pour les faire punir selon les
loix, et dans les formes de la Justice, qui sont si
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1. B. [L]’esprit [de l’Eglise]; d’après W : Ecclesiæ spiritus.
2. Paul. Rom. XII, 17-19 : nulli malum pro malo reddentes.... non vosmetipsos defendentes..., sed date locum iræ. — Paul. Rom. XIII, 7 : Reddite ergo omnibus debita : cui tributum, tributum : cui vectigal, vectigal : cui timorem, timorem : cui honorem, honorent. — I Petr. II, 13-18 : Subjecti igitur estote... sive ducibus tanquam ab eo missis ad vindictam malefactorum, laudem verò bonorum... Servi, subditi estotr in muni timore domina, non tantùm bonis et modestis, sed etiam dyscolis.