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ŒUVRES

je puis de ne m’affliger de rien, et de prendre tout ce qui arrive pour le meilleur. [1]Je croy que c’est un devoir, et qu’on peche en ne le faisant pas. Car enfin, la raison pour laquelle les pechez sont pechez, [2]c’est seulement parce qu’ils sont contraires à la volonté de Dieu[3] : et ainsi l’essence du peché consistant à avoir une volonté opposée à celle que nous [4]connoissons en Dieu, il est visible, ce me semble, que quand il nous decouvre sa volonté par les evenemens[5] , ce seroit un peché de ne s’y pas accommoder. J’ay appris que tout ce qui est arrivé a quelque chose d’admirable, puisque la volonté de Dieu y est marquée. Je le loue de tout mon cœur de la continuation [6]parfaite de ses graces, car je vois bien quelles ne diminuent point.

L’affaire du....ne va guere bien : c’est une chose qui fait trembler ceux qui ont de vrais mouvemens de Dieu de voir la persecution qui se prépare non- seulement contre les personnes (ce seroit peu), mais contre la verité. Sans mentir, Dieu est bien

    que nous connaissons en Dieu, il est visible, ce me semble, que quand il nous decouvre sa volonté par les evenemens, ce seroit un peché que de ne s’y pas conformer. Cette parole est d’autant plus considerable que celui qui l’a dite l’a pratiquée, et qu’elle est encore plus l’effusion de son cœur que de son esprit. »

  1. Ms. de l’Oratoire et ms. Faugère : [Et].
  2. Ms. de l’Oratoire : c' manque.
  3. Cf. Pensées, fr. 668, T. III, p. 103.
  4. Ms. de l’Oratoire: [avons].
  5. Cf. Pensées, fr. 553, T. II, p. 437 : s Si Dieu nous donnoit des maistres de sa main, oh ! qu’il leur faudroit obeir de bon cœur. La necessité et les evenemens en sont infailliblement. »
  6. Ms. Guerrier : [faite].