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SIXIÈME PROVINCIALE 41

paye de nouveau, pourveu qu'il nen reçoive pas autant que pour une Messe entière ; mais seulement pour une partie, comme pour un tiers de Messe.

Certes, mon Pere, voicy une de ces rencontres où le pour et le contre sont bien probables. Car ce que vous dites ne peut manquer de l’estre après l’autborité de Filliutius et d’Escobar. Mais en le laissant dans 1 la sphere de probabilité, on pourroit bien ce me semble dire aussi le contraire, et l’appuyer par ces raisons. Lors que l’Eglise permet aux Prestres qui sont pauvres de recevoir de l’argent pour leurs Messes, parce qu’il est bien juste que ceux qui servent à l’autel vivent de l’Autel 2 ; elle n’entend pas pour cela qu’ils échangent le sacrifice pour de l’argent, et encore moins qu’ils se privent eux mesmes de toutes les grâces qu’ils en doivent tirer les premiers. Et je dirois encore que les Prestres, selon S. Paul, sont obligez d’offrir le sacrifice premièrement pour eux mesmes, et puis pour le peuple 3; et qu’ainsi il leur est bien permis d’en associer d’autres au fruit du sacrifice, mais non pas de renoncer eux mesmes volontairement à tout le fruit du sacrifice et de le donner à un autre pour un tiers de Messe ; c’est à dire pour 4. ou 5. sols. En verité, mon Pere, pour peu que je fusse grave, je rendrois cette opinion probable. Vous n’y auriez pas grande peine,

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1. B. [sa].

2. Paul. I. Cor. IX, 13 : Qui altari deserviunt, cum altari participant.

3. Paul, Hebr. V, 3 : Et propterea debet [pontifex] quemadmodum pro populo, ita etiam et pro semetipso offerre pro peccatis.