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SIXIÈME PROVINCIALE 35

de commun la censure de Rome avec celle de France 1 ? Vous voyez assez par là que soit par l’interprétation des termes, soit par la remarque des circonstances favorables, soit enfin par la double probabilité du pour et du contre, on accorde tousjours ces contradictions pretendues, qui vous estonnoient auparavant, sans jamais blesser les decisions de l’Escriture, des Conciles ou des Papes, comme vous le voyez. Mon Reverend Pere, luy dis-je, que 2 l’Eglise est heureuse de vous avoir pour defenseurs? Que ces probabilitez sont utiles ? Je ne sçavois pourquoy vous aviez pris tant de soin d’establir, qu’un seu docteur s’il est grave, peut rendre une opinion probable 3; que le contraire peut l’estre aussi; et qu’alors on peut choisir du pour et du contre celuy qui agrée le plus, encore qu’on ne le croye pas veritable, et avec tant de seureté de conscience, qu’un Confesseur qui refuseroit de donner l’absolution sur la foy de ces Casuistes seroit en estat de damnation. D’où je comprends qu’un seul Casuiste peut à son gré faire de nouvelles regles de morale, et disposer selon sa fantaisie de tout ce qui regarde la conduite 4 de l’Eglise. Il faut, me dit le Pere, apporter

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1 . Hallier, après avoir publié contre Bauny un Extrait d’un livre intitulé: Somme des péchés..., s’était uni aux adversaires d’Arnauld. Pascal avait déjà fait allusion à ce changement d’attitude, cf. supra T. IV p. 252. Pour cette réponse du P. Bauny, relevée par Arnauld, vide supra p. 13 sq.

2. B. [le monde] est heureux de vous avoir pour [maistres!]; W. Fortunatum, mi Pater, vobis magistris orbem.

3. Voir la discussion de la cinquième Provinciale sur la probabilité, supra T. IV p. 309 sqq.

4. B. [des mœurs.] Il ; W. totam Ecclesiæ disciplinam.