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SIXIÈME PROVINCIALE 33

niere d’interpreter favorablement les Bulles. Je le veis en effet, des le soir mesme ; mais je n’ose vous le rapporter; car c’est une chose effroyable 1.

Le bon Pere continua donc ainsi. Vous entendez bien maintenant comment on se sert des circonstances favorables. Mais il y en a quelquefois de si precises, qu’on ne peut accorder par là les contradictions. De sorte que ce seroit bien alors que vous croiriez qu’il y en auroit. Par exemple. Trois Papes ont decidé que les Religieux qui sont obligez par un vœu particulier à la vie quadragesimale, n’en sont pas dispensez, encore qu’ils soient faits Evesques. Et cependant, Diana dit, que nonobstant leur decision ils en sont dispensez 2. Et comment accorde-t-il cela luy dis-je  ? C’est, repliqua le Pere, par la plus subtile de toutes les nouvelles methodes ; Et par le plus fin de la probabilité. Je vas vous l’expliquer. C’est que, comme vous le veistes l’autre jour, l’affirmative et la negative de la pluspart des opinions, ont chacune quelque probabilité, au jugement de nos Docteurs, et assez pour estre suivies avec seureté de conscience. Ce n’est pas que le pour, et le contre soient ensembles veritables dans le mesme sens ; cela est impossible, mais c’est seulement qu’ils sont 3 probables et seurs par consequent.

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1. Hermant, dans les Vérités Académiques, 1643, p. 116, avait déjà signalé avec indignation les obscénités des Casuistes, cf. supra p. 9 sq.

2. Cf. le texte de Diana, supra p. 13. — Les termes de la traduction de Pascal ne sont pas exacts ; Wendrock la considère comme n’étant pas une citation et il ne la met pas en italiques.

3. B. [ensemble] probables; W. simul tuta, simul secura.

2e série. II 3