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LETTRES DE PASCAL A Mr ET A Mlle DE ROUANNEZ 401

C. — Extrait d’une lettre de la Mère Angélique à la reine de Pologne (d’après une copie manuscrite).

Le 3. Août 1657.

...On ecrira sans doute à V. M. que Mlle de Roynés est entrée ceans depuis un mois, aiant esté touchée de Dieu en adorant la Sainte-Epine, estant venuë pour demander la guerison d’un mal d’oeil. En ce moment Dieu luy donna une si forte pensée d’estre Religieuse ceans, que rien ne luy put oster bien qu’elle n’eut parlé à aucune Religieuse, et que Me sa mere l’amena huit jours apres en Poitou où elle fut sept mois ; et quatre apres son retour elle est entrée et paroit vraiment appellée de Dieu ; nous avons receu depuis huit jours une lettre de cachet, poursuivie non par Me sa mere, mais par les personnes zelées, Dieu sçait si c’est avec science, pour la remettre entre les mains de Me sa mere, mais nous esperons qu’elle ne viendra pas la demander, encore qu’on l’en sollicite et persecute, luy voulant faire croire qu’elle se damne de souffrir sa fille dans une maison heretique ; M. de Roynés son fils qui n’a pas cette croiance soutient sa sœur, et Me sa mere ne le veut pas fâcher, ce sera pourtant une merveille de Dieu si on ne la retire par violence, dans la colere où on a mis la Reine pour cette entrée. Dieu en fera selon sa sainte Volonté....

II. — LES LETTRES DE PASCAL

Pendant le séjour fait à Poitiers par Mlle de Rouannez, d’août 1656 à la fin de février (?) 1657, Pascal écrivit à la jeune fille des lettres de direction ; ou plutôt ses lettres étaient destinées à la fois au frère et à la sœur. Le langage en est souvent quelque peu mystérieux, car la mère ignorait le desssein de sa fille, et se défiait sans doute de Pascal, puisque son influence avait, au grand scandale de la maison des Rouannez, amené déjà le duc à renoncer à toute idée de mariage.

A cette époque, il était fermement résolu à vendre son gou-

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