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396 ŒUVRES

lution de ne se point marier, faschée de voir finir sa famille, forma le dessein au moins de faire marier sa sœur, elle s’avisa pour cela de luy procurer une occasion de voir cet homme de qualité qui la voïoit lorsqu’elle fut touchée de Dieu à P. R. Elle le fit donc monter à son parloir ; comme par hasard, lorsque Mlle de Rouannez y estoit. Cet homme luy marqua les mesmes empressemens qu’il avoit faits il y avoit six ou sept ans. Mlle de Rouannez fut touchée devoir qu’un si long intervalle n’avoit point refroidy cet homme ; cela fut cause qu’elle luy permit de la venir voir, mais de sa part sans aucun dessein de le voir que comme amy. M. de Rouannez ayant decouvert cela, en fut tres-fasché, il alla en faire ses plaintes à Mme Perier. M. Pascal estoit mort il y avoit 15. ou 16. mois. Mme Perier vit Mlle de Rouannez qui luy dit que M. son frere s’alarmoit mal à propos, qu’elle n’avoit nul dessein de se marier, que mesme elle ne le pouvoit pas, et elle luy montra ses vœux, et la pria de luy procurer chez elle une entrevue avec M. Singlin qui avoit esté son directeur et qui alors estoit caché. Elle le vit donc, et suivant ses avis elle ne voulut plus voir cet homme qui la visitoit auparavant, et rentra dans son ancienne ferveur. M. Singlin mourut au mois d’avril 1664. Elle en fut tres-affligée. Cependant elle continuoit dans sa ferveur et voyoit souvent Mme Perier. Mais Mme Perier fut obligée de quitter Paris au mois de decembre 1664. M. de Rouannez en fut fort affligé et luy dit qu’il craignoit beaucoup que cela ne fist encore changer Mlle sa sœur. En effet, cela ne manqua pas, n’aïant plus de soutien, ayant perdu M. Pascal, M. Singlin et Mme Perier, elle recommença, en 1665, de voir le monde. Madame sa sœur la sollicita d’ecouter des propositions de mariage. M. de Rouannez voïant qu’il ne pouvoit plus esperer qu’elle demeurast ferme dans sa resolution, luy declara que pour luy il estoit resolu de ne point changer, et qu’ainsi tout son bien devoit luy revenir ; il falloit donc qu’elle n’ecoutast que des propositions conformes à sa condition et à son bien. Alors elle ecouta toutes celles qu’on luy fit. Il y en eut plusieurs qui n’eurent