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DOUZIÈME PROVINCIALE 383

juste, que de s’en prendre à moy ? Quand je cite Lessius et vos autres Auteurs de moy-mesme, je consens d’en répondre. Mais comme Escobar a ramassé les opinions de 24. de vos Peres, je vous demande si je dois estre guarant d’autre chose, que de ce que je cite de luy, et s’il faut outre cela que je réponde des citations qu’il fait luy-mesme dans les passages que j’en ay pris ? Cela ne seroit pas raisonnable. Or c’est de quoy il s’agit en cét endroit. J’ay rapporté dans ma Lettre ce passage d’ Escobar 1 traduit fort fidelement, et sur lequel aussi vous ne dites rien : Celuy qui fait banqueroute, peut-il en seureté de conscience retenir de ses biens autant qu’il est necessaire pour vivre avec honneur, ne indecorè vivat ? Je RESPONDS QUE OUY AVEC LESSIUS: CUM LESSIO ASSERO POSSE, etc.

Sur cela vous me dites que Lessius n’est pas de ce sentiment. Mais pensez un peu où vous vous engagez. Car s’il est vray qu’il en est, on vous appellera imposteurs, d’avoir assuré le contraire ; et s’il n’en est pas, Escobar sera l’imposteur : de sorte qu’il faut maintenant par necessité, que quelqu’un de la Societé soit convaincu d’imposture. Voyez un peu quel scandale ! Aussi vous ne sçavez 2 pas prevoir la suite des choses. Il vous semble, qu’il n’y a qu’à dire des injures 3 au monde, sans penser sur qui elles retombent. Que ne faisiez-vous sçavoir vostre difficulté à

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1. W. tr. 3. ex. 2. n. 163. — Cf. cette discussion dans la huitième Provinciale, supra p. 145.

2. B. pas, manque.

3. B. [aux personnes].