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disent que oüy, en ajoûtant : Sed hoc non videtur mihi satis certum : Cela ne me paroist pas assez certain.

Mais depuis vostre P. Erade Bille Professeur des cas de conscience 1 à Caën a decidé qu’il n’y a 2 aucun peché : car les opinions probables vont toûjours en meurissant. C’est ce qu’il declare dans ses écrits de 1644. contre lesquels M. du Pré Docteur et Professeur à Caën fit cette belle harangue imprimée, qui est assez connuë. Car quoy que ce P. Erade Bille reconnoisse que la doctrine de Valentia suivie par le P. Milhard, et condamnée en Sorbonne, soit contraire au sentiment commun, suspecte de simonie en plusieurs choses, et punie en justice quand la pratique en est découverte, il ne laisse pas de dire que c’est une opinion probable, et par consequent seure en conscience ; et qu’il n’y a en cela ny simonie ny peché. C’est, dit-il, une opinion probable, et enseignée par beaucoup de docteurs catholiques, qu’il n’y a aucune simonie, NY AUCUN PECHÉ, à donner de l’argent, ou une autre chose temporelle pour un benefice, soit par forme de reconnoissance, soit comme un motif sans lequel on ne le donneroit pas ; pourveu qu’on ne le donne pas comme un prix égal au benefice. C’est là tout ce qu’on peut desirer. Et selon toutes ces maximes vous voyez, mes Peres, que la simonie sera si rare, qu’on en auroit exempté Simon mesme le magicien, qui vouloit acheter le S. Esprit, en quoy il est l’image

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1. W. Moralis Theologiæ.... Professor. — Cf. sur toutes les questions qui suivent, l’écrit de Dupré, supra p. 353 sqq.

2. B, [en cela].