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DOUZIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 345

L’ordre que je garde en celle-cy, et la fin que je me propose, est de monstrer que le Casuiste du Port Royal ayant emprunté ses reproches du Ministre de Charenton, il est tombé honteusement dans ses défauts. 1 . Alterant le sens et les paroles des Autheurs Jesuites qu’il cite par de lâches impostures et des supercheries infames. 2. Condamnant sans jugement des opinions probables, que les plus sçavans Theologiens enseignent dedans l’Echole. 3. Attaquant avec une insolente temerité les maximes de la Foy, que l’Eglise tient pour constantes et indubitables. 4. Et enfin se moquant avec impieté des pratiques familieres de la devotion, que l’on enseigne ordinairement au peuple, pour l’attirer peu à peu par la facilité de ces exercices spirituels à l’amour de la vertu et au soin de son salut : et inventant mille calomnies et mille outrages contre l’honneur d’une Compagnie Religieuse, qui monstrent clairement que la passion furieuse de médire qui le possede, ne peut estre qu’un effet violent de la haine, que l’heresie de Calvin luy a inspiré contre ces Peres.

PREMIERE PARTIE, contenant les impostures, et les supercheries avec lesquelles l’Autheur de ces Lettres a falsifié les passages des Autheurs Jesuites qu’il cite.

Puisque le Calomniateur du Port Royal a suivy si fidellement du Moulin dans les reproches qu’il fait aux Jesuites, renouvellant, ainsi qu’on l’a fait voir, les erreurs de ce Ministre touchant la Grace en ses premieres lettres, et ses impostures contre la doctrine morale de l’Eglise dans les dernieres : je suis obligé d’agir avec luy de la maniere qu’on agit avec les Calvinistes, qui n’ont point de plus fortes armes que le mensonge et les déguisemens, et faire voir à tout le monde qu’apres avoir perdu la foy, il a encore trahy son honneur et sa conscience, falsifiant les paroles, et corrompant le veritable sens des Autheurs qu’il cite, par tant de supercheries, qu’il surpasse en cela mesme le Ministre de Charenton,

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dans sa réponse à la Theologie Morale. — Le P. le Moine dans son Manifeste apologetique » (note marginale).