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316 ŒUVRES

de Messe à la fois de differens Prestres 1 ; lors, dis-je, qu’on entend ces decisions, et autres semblables, il est impossible que cette surprise ne fasse rire : parceque rien n’y porte davantage qu’une disproportion surprenante entre ce qu’on attend, et ce qu’on voit 2 .

Et comment auroit-on pû traiter autrement la pluspart de ces matieres, puisque ce seroit les autoriser que de les traiter serieusement selon Tertullien. Quoy, faut-il employer la force de l’Escriture et de la Tradition pour monstrer, que c’est tuer son ennemy en trahison, que de luy donner des coups d’épées par derriere et dans une embusche ; et que c’est acheter un benefice que de donner de l’argent comme un motif pour se le faire resigner 3 ? Il y a donc des matieres qu’il faut mépriser, et qui meritent d’estre joüées et moquées. Enfin ce que dit cét ancien auteur, que rien n’est plus deu à la vanité que la risée, et le reste de ces paroles s’applique icy avec tant de justesse et avec une force si convainquante, qu’on ne sçauroit plus douter, qu’on peut bien rire des erreurs sans blesser la bienseance. Et je vous diray aussi, mes Peres, qu’on en peut rire sans blesser la charité, quoy que ce soit une des choses que vous me reprochez encore dans 4 vos écrits. Car la charité

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1 . Allusions à des théories combattues dans les sixième (p. 40 et 31), et neuvième Provinciales (p. 212).

2. W. ajoute : Nec illa urbanior scribendi ratio opportuna modò, sed etiam necessaria fuit.

3. Allusion à des théories combattues dans les septième (p. 93) et sixième Provinciales (p. 39).

4. P. [ces].