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DIXIÈME PROVINCIALE 271

sçay qui le sçait. Et il conclud 1 enfin, qu’on n’est obligé à autre chose à la rigueur qu’à observer les autres commandemens sans aucune affection pour Dieu, et sans que nostre cœur soit à luy, pourveu qu’on ne le haïsse pas. C’est ce qu’il prouve en tout son second traitté. Vous le verrez à chaque page, et entre autres aux 16. 19. 24. 28. où il dit ces mots :

Dieu en nous commandant de l’aimer se contente que nous luy obeissions en ses autres commandemens. Si Dieu eust dit : Je vous perdray, quelque obeissance que vous me rendiez, si de plus vostre cœur n’est à moy, Ce motif à vostre avis, eust-il esté bien proportionné à la fin que Dieu a deu et a pù avoir. Il est donc dit, que nous aimerons Dieu en faisant sa volonté, comme si nous l’aimions d’affection. Comme si le motif de la charité nous y portoit. Si cela arrive reellement; encore mieux : sinon, nous ne laisserons pas pourtant d’obeir en rigueur au commandement d’amour, en ayant les œuvres ; de façon que (voyez la bonté de Dieu) il ne nous est pas tant commandé de l’aimer, que de ne le point haïr.

C’est ainsi que nos Peres ont deschargé les hommes de l’obligation penible d’aimer Dieu actuellement. Et cette doctrine est si avantageuse, que nos Peres Annat, Pintereau, le Moine, et A. Sirmond mesme 2, l’ont

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1. A2 [en fin].

2. W. ipse Sirmundus. — Après le P. Daniel, Maynard accuse Pascal d’avoir par ce mot mesme voulu « faire passer un Jésuite obscur pour le fameux savant de ce nom », en ayant volontairement confondu le P. Antoine Sirmond avec le P. Jacques Sirmond, son oncle. Pascal veut marquer seulement que le P. Sirmond défendit lui-même, après