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210 ŒUVRES

La Jeunesse, dit-il, peut estre parée de droit naturel. Il peut estre permis de se parer en un âge qui est la fleur et la verdure des ans. Mais il en faut demeurer là; le contretemps seroit estrange de chercher des roses sur la neige. Ce n’est qu’aux estoiles qu’il appartient d’estre toûjours au bal, parcequ elles ont le don de jeunesse perpetuelle. Le meilleur donc en ce point seroit de prendre conseil de la raison, et d’un bon miroir, de se rendre à la bien-seance et à la necessité : et de se retirer quand la nuict approche. Cela est tout à fait judicieux, luy dis-je. Mais, continua-t’il, afin que vous voyez combien nos Peres ont eu soin de tout, je vous diray 1 que parce qu’il seroit souvent inutile aux jeunes femmes d’avoir la permission de se parer, si on ne leur donnoit aussi le moyen d’en faire la despense, on a estably une autre maxime en leur faveur qui se voit dans Escobar au chapitre du larcin tr. I. ex. g. n. 13. Une femme, dit-il, peut prendre de l’argent à son mary en plusieurs occasions,

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1. B. termine ainsi l’alinéa: que [donnant permission aux femmes de joüer, et voyant que cette permission leur] seroit souvent inutile, si on ne leur donnoit aussi le moyen [d’avoir de quoy joüer, ils ont] estably une autre maxime en leur faveur qui se voit dans Escobar au chap. du larcin tr. I. ex. 9. n. 13. Une femme, dit-il, peut [joüer et] prendre [pour cela] de l’argent à son mary ; — d’après W: Viderunt quam fœminis concedunt ludendi veniam inutilem us sæpius fore, nisi habeant unde ludant : quamobrem aliud quoddam decretum fîxerunt, unde illæ facilè argentum sibi conficiant. Id videre est apud Escobarium Tr. I. Ex. g. n. 13, Potest, ait, fœmina ludere, et pecuniam accipere ad ludum, dandumque pauperibus, intra decentiam sui status. Non inscitè, inquam, mulieribus inservitum à vobis est. — La raison de la correction, c’est que dans le texte d’Escobar cité par la première édition de cette Provinciale, pro veste semble bien ne désigner que les vêtements nécessaires; cf. ce texte supra p. 182 sq.