Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/223

Cette page n’a pas encore été corrigée

NEUVIÈME PROVINCIALE 207

Mais ce qui nous a donné le plus de peine, a esté de regler les conversations entre les hommes et les femmes ; car nos Peres sont plus reservez sur ce qui regarde la chasteté. Ce n’est pas qu’ils ne traitent des questions assez curieuses et assez indulgentes ; et principalement pour les personnes mariées, ou fiancées. J’appris sur cela les questions les plus extraordinaires 1 et les plus brutales qu’on puisse s’imaginer. Il m’en donna de quoy remplir plusieurs lettres ; mais je ne veux pas seulement en marquer les citations ; parce que vous faites voir mes Lettres à toutes sortes de personnes, et je ne voudrois pas donner l’occasion de cette lecture à ceux qui n’y chercheroient que leur divertissement 2.

La seule chose que je puis vous marquer de ce qu’il me monstra dans leurs livres, mesme François, est ce que vous pouvez voir dans la Somme des pechez du P. Bauny p. 165 3. de certaines petites privautez qu’il y explique, pourveu qu’on dirige bien son intention, comme à passer pour galand : et vous serez surpris d’y trouver p. 148. un principe de Morale touchant le pouvoir qu’il dit que les filles ont de disposer de leur virginité sans leurs parents 4, voicy ses termes. Quand cela se fait du consentement de la fille, quoy que le Pere ait sujet de s’en plaindre,

______________________________________________________________

1. B. et les plus brutales, manque ; W. tam spurca, tam pecude potius quam homine digna subjecit.

2. W. ... adeant libros, ac tali lectione animam commaculent .

3. Cf. ces textes de Bauny, supra p. 169 sq.

4. W.... supra nil injuriæ parentibus facere puellam.