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6 ŒUVRES

Il y eut encore d’autres critiques. Arnauld le rappelle, en 1680, dans une Lettre au P. Quesnel accompagnée d’une Dissertation pour la justification de certains termes que le monde estime durs dans les ecrits :

« Second Avis. S’il y a des paroles dures et des manieres aigres dans cet Ecrit, il y a bien des gens d’honneur et de probité qui en seront choquez.

« Réponse Si l’on s’etoit arrêté à ces sortes de fantaisies des gens d’honneur et de probité, on n’auroit aujourd’hui que quatre ou cinq des petites Lettres. Car si-tôt que l’on eut commencé à parler de Morale, et à traitter les Jesuites de cette maniere fine qui emporte la piece, nous n’entendîmes de toutes parts que des murmures et des plaintes des devots et des devotes, et mesme de nos meilleurs amis, qui croioient que cette maniere d’ecrire n’estoit point chretienne ; qu’il n’y avoit pas de charité ; qu’on ne devoit pas mesler des railleries dans les choses saintes, et que les gens de bien en estoient scandalisez. On ne sauroit dire combien M. Singlin, à qui ces gens d’honneur parloient sans cesse, nous a tourmentez là-dessus. Mais nous tînmes bon, et l’Eglise s’en est bien trouvée. Car je ne sai si jamais on a fait d’ecrit qui ait eu un effet plus merveilleux que les Provinciales ; à quoi il faut ajouter l’occasion qu’elles ont donné au livre de Wendrok, qui est un des meilleurs ouvrages et des plus solides qui se soit peut-être fait depuis plus de deux cens ans. »

La lutte continua ; Arnauld discutait encore dans des écrits latins avec le docteur Holden ; le 24 mars, il écrivait la Seconde Lettre Apologetique de Monsieur Arnauld Docteur de Sorbonne, à un Evesque, Où il justifie sa conduite touchant

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Le 2 avril, elle lui écrivait, en parlant peut-être d’une Provinciale : « Je ne doute nullement que ce que vous avez envoyé ne soit tres-beau, mais c’est à sçavoir si le silence en ce tems ne seroit pas encore plus beau et plus agreable à Dieu, qui s’appaise mieux par les larmes et par la penitence, que par l’eloquence qui amuse plus de personnes qu’elle n’en convertit. Je sai que ce n’est pas à moi à dire cela... »