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NEUVIÈME PROVINCIALE 203

1 et pour donner à tous les pechez des definitions de vostre façon, afin qu’on ne peschast plus en satisfaisant ses plaisirs ?

Il n’est pas toujours necessaire, me dit-il, de changer pour cela les definitions des choses. Vous l’aller voir sur le sujet de la bonne chere, qui 2 est sans doute un des plus grands plaisirs de la vie, et qu’Escobar permet en cette sorte 3 n. 102. dans la pratique selon nostre Société. Est-il permis de boire et manger tout son saoul, sans necessité et pour la seule volupté ? Oüy certainement selon 4 nostre Pere Sanchez, pourveu que cela ne nuise point à la santé ; parce qu’il est permis à l’appetit naturel de joüyr des actions qui luy sont propres. An comedere et bibere usque ad satietatem absque necessitate, ob solam voluptatem, sit peccatum ? Cum Sanctio negativè respondeo, modo non obsit valetudini ; quia licitè potest appetitus naturalis suis actibus frui. O mon Pere, luy dis-je, voilà le passage le plus complet, et le principe le plus achevé de toute vostre Morale ; et dont on peut tirer d’aussi commodes conclusions. Et quoy la gourmandise n’est donc pas mesme un peché veniel? Non pas, dit-il, en la maniere que je viens de dire. Mais elle seroit peché veniel selon

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1. B. et, manque.

2. B. [passe pour] un.

3. W. [tr. 2. exam. 2]. — Cf. ce texte d’Escobar, supra p. 185.

4. B. nostre Pere a été supprimé. — Il s’agit ici en effet de Jean Sanchez et non du Père Thomas Sanchez. La note III de Nicole est consacrée à la « Refutation de l’opinion épicurienne d’Escobar sur les plaisirs des sens ».