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plus grands Saints n’en sont pas exempts. Escoutez donc Escobar tr. 2. ex. 2. num. 17 1. L’ambition qui est un appetit desordonné des charges et des grandeurs, est de soy-mesme un peché veniel : Mais quand on desire ces grandeurs pour nuire à l’Estat, ou pour avoir plus de commodité d’offenser Dieu, ces circonstances exterieures le rendent mortel.

Cela 2 commence bien, mon Pere. Et n’est-ce pas encore, continua-t’il, une doctrine bien douce pour les 3 avares, de dire comme fait Escobar au tr. 5. 4 ex. 5. n. 154. Je sçay que les riches ne pechent point mortellement quand ils ne donnent point l’aumosne de leur superflu dans les grandes necessitez des pauvres : Scio in gravi pauperum necessitate divites non dando superflua, non peccare mortaliter. En verité, luy dis-je, si cela est, je voy bien que je ne me connois guere en pechez. Pour vous le monstrer encore mieux, dit-il, ne pensez-vous pas que la bonne opinion de soy-mesme, et la complaisance qu’on a pour ses ouvrages est un peché des plus dangereux ? Et ne serez- vous pas bien surpris si je vous fais voir, qu’encore mesme que cette bonne opinion soit sans fondement, c’est si peu un peché, que c’est au contraire un don de Dieu ? Est-il possible mon Pere ? Oüy, dit-il ; et c’est ce que nous a appris nostre grand P. Garasse dans son livre François intitulé :

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1. Cf. ce texte d’Escobar et le suivant, supra pp. 184 et 186 sq.

2. B. [est assez commode], mon Pere.

3. P. [autres], erreur manifeste.

4. P. ex. 5, manque.