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SIXIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 5

Cour croyoit que c’estoit là qu’on avoit imprimé toutes les pieces du card[inal] de Retz, comme le grand nombre des ouvrages de M. Arnauld et autres pour la défense de la verité. Mais on a esté trompé : Ce qui a fait trouver le moyen de tant imprimer ayant esté le soin et la dépense qui n’y ont point esté espargnés. »

On s’empressa même d’insérer deux exemplaires de cette cinquième Provinciale dans un paquet qu’Arnauld et ses compagnons envoyaient aux amis de Rome.

Le journal de Saint-Gilles qui a été jusqu’ici notre meilleure source d’informations, s’arrête malheureusement au 8 avril ; pour la suite, nous n’en possédons plus que quelques fragments annexés aux Mémoires de Beaubrun, et qui ne commencent qu’au 2 août. La perte du journal pour cette époque est d’autant plus regrettable que Saint-Gilles voyait alors tous les jours Pascal, tout préoccupé du miracle de la Sainte-Épine ; il aurait pu nous renseigner aussi sur une discussion très intéressante qui paraît avoir été soulevée vers cette date. Certains amis, inquiets du succès même des Provinciales, présentèrent alors des difficultés à Arnauld et à Pascal. Les uns redoutaient les vengeances que l’on pouvait exercer contre Port-Royal ; d’autres protestaient au nom de la charité chrétienne. Le 24 mars, la Mère Angélique écrivait à la reine de Pologne. « .... [Votre lettre] du 24. Fevrier nous fut rendue hier. Je vous assure, Madame, que j’ai eu les mesmes sentimens d’impatience que Vostre Majesté, au sujet de l’Auteur des Provinciales qui a affaire à de si terribles ennemis. Mais comme je sai qu’il n’y a point de cas fortuit en Dieu, que toutes choses arrivent par son ordre, et que les hommes ne sauroient avancer ni reculer aux momens qu’il luy plaît que nos maux finissent ou que nos biens arrivent, j’essaie de calmer mon esprit, le reduisant à la soumission qu’il doit à son maître 1 . »

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I. Le 27 mars, la Mère Angélique reprochait à Antoine le Maître d’employer des expressions trop fortes en qualifiant ses adversaires.