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ber non seulement dans une extreme necessité, mais encore dans une necessité grave, quoy que non pas extreme. Escobar le rapporte aussi au tr. I. ex. 9. n. 29. Cela est surprenant 1 mon Pere: Il n’y a guere de gens dans le monde, qui ne trouvent leur necessité grave, et à qui vous ne donniez par là le pouvoir de dérober en seüreté de conscience. Et quand vous en reduiriez la permission aux seules personnes qui sont effectivement en cet estat, c’est ouvrir la porte à une infinité de larcins, que les Juges puniroient nonobstant cette necessité grave ; et que vous devriez reprimer à bien plus forte raison, vous qui devez maintenir parmi les hommes non seulement la justice, mais encore la charité qui est destruite par ce principe. Car enfin n’est-ce pas la violer, et faire tort à son prochain que de luy faire perdre son bien pour en profiter soy-mesme ? C’est ce qu’on m’a appris jusqu’icy. Cela n’est pas toujours veritable, dit le Pere ; Car nostre grand Molina nous a appris t. 2. tr. 2. dis. 328. n. 8 2. Que l’ordre de la charité n’exige pas qu’on se prive d’un profit, pour sauver par là son prochain d’une perte pareille. C’est ce qu’il dit pour monstrer ce qu’il avoit entrepris de prouver en cet endroit là : Qu’on n’est pas obligé en conscience, de rendre les biens qu’un autre nous auroit donnez pour en frustrer ses creanciers. Et Lessius qui soutient la mesme opinion, la

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1. W. mirum.... quàm hoc latè pateat.

2. Cf. ce texte de Molina, supra p. 133 sq.