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102 ŒUVRES

à l’intention. Et de là vient que nos maximes sont quelquefois un peu differentes des leurs. Quoy qu’il en soit, mon Pere, il se conclut fort bien des vostres, 1 qu’on peut tuer les médisans en seureté de conscience, pourveu que ce soit en seureté de sa personne.

Mais, mon Pere, après avoir si bien pourveu à l’honneur, n’avez vous rien fait pour le bien ? Je sçay qu’il est de moindre consideration ; mais il n’importe. Il me semble qu’on peut bien diriger son intention à tuer pour le conserver. Oüy, dit le Pere: et je vous en ay touché quelque chose qui vous a pu donner cette ouverture. Tous nos casuistes s’y accordent; et mesme on le permet encore que l’on ne craigne plus aucune violence de ceux qui nous ostent nostre bien, comme quand ils s’enfuyent 2. Azor de nostre Société le prouve p. 3. 1. 2. c. I. q. 20.

Mais, mon Pere, combien faut-il que la chose vaille pour nous porter à cette extremité. Il faut, selon Reginaldus I. 21. c. 5. n. 3[68]. et Tannerus

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1. B. qu’[en évitant les dommages de l’Estat.] on... ; W. secluso illo Reipublicæ damno...

2. Cette phrase, malgré les caractères italiques, est de Pascal, et non d’Azor. W. la traduit dans le texte : Quin hoc concedunt etiam iis qui nullam vim jam pertimescunt, ut si latrones fugam ceperini. Adstruit id Azorius. — Cf. le texte d’Azor, supra p. 78.

3. Toutes les éditions par erreur [66]. — Cf. ce texte de Regnault, supra p. 67 sq. Ce n’est pas là non plus une phrase citée exactement. Aussi W. traduit-il dans le texte : Non parvi, inquit, sit oportel judicio viri prudentis : ita docet Reginaldus..., et Tannerus....