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SEPTIÈME PROVINCIALE 101

rien, si on en luoit tous les médisans. Aprenez le de nostre Reginaldus 1. 21. n. 63. p. 260 1. Encore que cette opinion, qa on peut tuer pour une medisance, ne soit pas sans probabilité dans la theorie, il faut suivre le contraire dans la pratique. Car il faut tousjours éviter le dommage de l’Estat dans la maniere de se defendre. Or il est visible qu’en tuant le monde de cette sorte, il se feroit un trop grand nombre de meurtres, Lessius en parle de mesme au lieu desja cité 2. Il faut prendre garde que l’usage de cette maxime, ne soit nuisible à l’Estat. Car alors il ne faut pas le permettre : tunc enim non est permittendus.

Quoy, mon Pere, ce n’est donc icy qu’une defense de politique, et non pas de religion ? Peu de gens s’y arresteront, et sur tout dans la colere. Car il pourroit estre assez probable qu’on ne fait point de tort à l’Estat de le purger d’un meschant homme. Aussi, dit-il, nostre Pere Filiutius joint à cette raison là une autre bien considerable 3 tr. 29. c. 3. n. 51. C’est qu’on seroit puni en justice en tuant le monde pour ce sujet. Je vous le disois bien, mon Pere, que vous ne feriez jamais rien qui vaille, tant que vous n’auriez point les Juges de vostre costé. Les Juges, dit le Pere, qui ne penetrent pas dans les consciences, ne jugent que par le dehors de l’action; au lieu que nous regardons principalement

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1. Cf. ce texte de Regnault, supra p. 67.

2. Cf. ce texte de Leys, au n. 82, supra p. 65.

3. W. tr. 29. c. 3. n. 51 , manque. — Cf. ce texte de Filliucci, supra p. 68 sq.