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��Deuxième Fragment. De l'Art de persuader.

L'art de persuader a un rapport nécessaire à la manière dont les hommes consentent à ce qu'on leur propose, et aux conditions des choses qu'on veut faire croire.

Personne n'ignore qu'il y a deux entrées par oii les opinions sont receues dans lame, qui sont ^ces deux principales puissances : l'entendement et la vo- lonté. La plus naturelle est celle de l'entendement, car on ne devroit jamais consentir qu'aux veritez de- monstrées ; mais la plus ordinaire, quoy que contre la nature, est celle de la volonté ; car tout ce qu'il y a d'hommes sont presque toujours emportez à croire non pas par la preuve, mais par l'agrément. Cette voye est basse, indigne, et étrangère : aussi tout le monde la désavoue. Chacun fait profession de ne croire et mesme de n'aimer que ce qu'il sçait le mériter.

Je ne parle pas icy des veritez divines, que je n'au- rois garde de faire tomber sous Vart de persuader, car elles sont infiniment au-dessus de la nature : Dieu seul peut les mettre dans l'ame, et par la manière

I. Nous écrivons ces avec Faugère ; la leçon ses, qui se trouve chez Desmolets, paraît moins conforme au sens que Pascal donne dans la suite au mot puissance.

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