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DE L'ESPRIT GÉOMÉTRIQUE 263

esprits clairs en cette matière que deux néants d'esten- due ne peuvent pas faire une estendue. Mais parce qu'il y en a qui prétendent s'échapper à cette lumière par cette merveilleuse response, que deux néants d'estendue peuvent aussi bien faire une estendue que deux unitez dont aucune n'est nombre^ (ont un nom- bre par leur assemblage ; il faut leur repartir qu'ils

��ridendi (Vide supra T. V, p. 332, T. VII, p. 320, et infra Pensées, fr. 862, T. m, p. 3o4, et la note 3).

I. VoirEuclide, livre VII, définition 2 : « Le nombre est une multi- tude composée de plusieurs unitez « (Mersenne, la Vérité des Sciences, p. 254). L'unité serait donc principe du nombre, et non pas nombre elle-même. Ours 8e 7) [jlovjc; àpt9[j.o;, otXka àp/7] àptO[j.où (Théon de Smyrne, édition Hiller, Leipzig, 1878, p. 24). Sur cette question s'est élevée une longue querelle dont on retrouvera l'écho jusqu'au coeur du xviii^ siècle : en 17^0, dans la préface à sa traduction de la Méthode des Fluxions de Newton, Buffon affirme (page ix) que l'unité n'est point un nombre. Au moment où Pascal écrit, la question est de pleine actualité. L'Arithmétique de Siméon Stevin de Bruges (i585), l'un des traités qui font autorité à la fin du xvi^ siècle et dont Albert Girard publia la traduction française en i63/i, débute par une longue discussion théorique, dont Stevin ne se dissimule pas le caractère paradoxal, où il est montré que V Unité est un nombre. Cf. Mersenne, ibid., p. 255 : « Le Théologien. Je sçay assez que ceste unité a esté fort desbatuë, et qu'on preuve puissamment qu'elle est nombre. » Mais la thèse de Stevin trouva un contradicteur, d'un dogmatisme énergique, en Le Tenneur, auteur d'un Traité des quantitez incomensurables, Paris, i64o, cf. p. 9. — Dans la quatrième partie, ch. iv, la Logique de Port-Royal, pour montrer que les géo- mètres semblent n'avoir pas toujours compris la différence qu'il y a entre la définition des mots et la définition des choses, s'étend longuement sur l'exemple de « Simeon Stevin, très célèbre mathématicien du prince d'Orange: ayant défini le nombre: Nombre est cela par lequel s'expli- que la quantité de chacune chose, il se met ensuite fort en colère contre ceux qui ne veulent pas que l'unité soit nombre jusqu'à faire des exclamations de rhétorique comme s'il s'agissoit d'une dispute fort solide. Il est vray qu'il mesle dans ce discours une question qui est de quelque importance qui est de sçavoir si l'unité est au nombre comme le point est à la ligne. Mais, etc. » (1^ édition, p. 388).

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