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DE L'ESPRIT GÉOMÉTRIQUE 253

pendant, s'ils laissent au mot de mouvement son sens ordinaire comme ils font, ce n'est pas une définition, mais une proposition . et confondant ainsi les défi- nitions qu'ils appellent définitions de nom, qui sont les véritables définitions libres, permises et géomé- triques, avec celles qu'ils appellent définitions de chose, qui sont proprement des propositions nulle- ment libres, mais sujettes à contradiction, ils s'y donnent la liberté d'en former aussy bien que des autres ; et chacun définissant les mesmes choses à sa manière, par une liberté qui est aussy défendue dans ces sortes de définitions que permise dans les premières, ils embrouillent toutes choses et, perdant tout ordre et toute lumière, ils se perdent eux-mes- mes et s'égarent dans des embarras inexplicables.

On n'y tombera jamais en suivant l'ordre de la géométrie. Cette judicieuse science est bien esloi- gnée de définir ces mots primitifs, espace, temps, mouvement, égalité, majorité, diminution, tout, et les autres que le monde entend de soy-mesme. Mais, hors ceux là, le reste des termes qu'elle employé y sont tellement eclaircis et définis, qu'on n'a pas be- soin de dictionnaire pour en entendre aucun ; de

��passage de la lettre à Mersenne que nous avons cité, supra p. 2/17 sq. ; le Monde ou Traité de la Lumière, édition Adam-ïannery, T. XI, p. 3g ; et la douzième des Regulse ad Directionem Ingenii : « Nonne videntur illi verba magica proferre, quse vim habeani occultam et supra captum humani ingenii, qui dicuni motum, rem unicuique notissimam, esse actum entis in potentià, prout est in potentià? quis enim intelli- git hsec verba? quis ignorât quid sit motus?... Dicendum est igitur, nullis unquam definitionihus ejusmodi res esse explicandas, ne loco simplicium compositas apprehendamus » , édition citée, T. X, p. /i26.

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