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INTRODUCTION XXXV

ter que l’art de Pascal consiste beaucoup moins à placer en évidence tel ou tel trait particulier qu’à créer une atmosphère nouvelle et par suite à modifier du tout au tout la « perspective » 1 . Suivant la loi de l’ordre qu’il s’est prescrite, Pascal fait concourir ses attaques de détail vers un but commun, qui est de confronter les principes fondamentaux du christianisme et la théologie morale des Jésuites, de faire éclater le contraste entre celle-ci et ceux-là.

B. — La Théologie morale.

L’intelligence de cette théologie morale permet de préciser, et de délimiter en même temps, la portée des Provinciales. En effet, autre chose est la doctrine de la théologie morale professée par les Jésuites, autre chose est leur moralité privée. Pascal ne touche à ce dernier domaine que pour s’interdire d’y jeter le moindre regard 2 ; et quand des adversaires aux abois essayent de donner le change par une allusion à des incidents qui rendraient suspecte la probité des Jansénistes, il faut voir avec quel dédain, soucieux de se conformer aux règles de l’ « honnête discussion » 3 , Pascal écarte ces insinuations 4 . Il

_____________________________________________________________ _ les mains de Pascal. Mais pour apprécier complètement la manière de Pascal, il faudrait considérer les écrits d’Arnauld dans leur contenu intégral, et tenir compte, non seulement de ce que Pascal retient et met en œuvre, mais, et pour le moins autant, de ce qu’il néglige et laisse tomber.

1. P. Daniel, ibid. : «je compare... l’addresse de Pascal à l’artifice de ces peintres habiles en perspective, qui présentent d’abord aux yeux des choses qui les trompent agréablement...»

2. Cf. onzième Provinciale, infra T. V, p. 323.

3. Voir les études probes et fortes de Paul Desjardins : Les Règles de l’honnête discussion selon Pascal, Union pour l’action morale, 15 juillet et Ier août 1901.

4. Vide infra T. VI, p. 345 sq.