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XXXII INTRODUCTION

de plagiat, du moins de « pillage » 1. Pour notre part, nous dirons simplement que l’avocat appelé à plaider en dernière instance est dans son rôle lorsqu’il cite et qu’il analyse les documents fournis au cours des précédents débats ; nous ne lui demandons pas d’imaginer un dossier nouveau, sous le prétexte de faire la preuve de son entière originalité.

Ces circonstances mêmes font comprendre qu’il n’y a pas selon nous de problème historique à poser, concernant la bonne foi de Pascal dans ses citations. Pascal n’a pas inventé, parce qu’il n’a pas découvert. Les Jésuites, dès leur première Réponse aux Provinciales, le constataient à leur manière : « Ce Rapiecieur et Ravaudeur de Calomnies ne nous apporte dans ces Lettres presque rien de nouveau. »

Cette vue se confirme si l’on tire de l’ombre discrète où elles sont demeurées ensevelies depuis deux siècles et demi la suite des Impostures et des Réponses dont la publication a suivi de près chacune des Provinciales, à partir de la sixième. Pascal savait que la moindre erreur avérée eût suffi pour entraîner sa défaite immédiate et irrémédiable 2 . Or qu’ont pu faire les auteurs de ces Réponses, disciples ou amis des écrivains que Pascal attaquait, sinon chicaner sur quelque détail de texte 3 , com-

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1. Ibid. , p. 44.

2. Cf. la douzième Provinciale, infra T. V, p. 362.

3. Après la mort de Pascal la recherche des prétendues falsifications ne s’est pas arrêtée. A la fin du XVIIe siècle, le P. Daniel, qui prétend donner une leçon non seulement à Pascal, mais aussi aux premiers défenseurs des Jésuites, se plaint que Pascal ait, « en citant hardiment la page de l’auteur », reproché au P. Bauny d’avoir soutenu à propos des marchands qui traitent avec des filles, « qu’on ne doit pas refuser l’absolution à ceux qui demeureront dans les occasions prochaines du péché. Quelle sincérité ! J’ay toujours oüi