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RÉCITS DU MIRACLE DE LA SAINTE ÉPINE 347

cette relique à P. R. de Paris pour la faire adorer ou venerer par ces saintes filles.

On l’expose au dedans pour cela le vendredi 24. Mars 1656. Toutes y vont à leur rang. Cette petite etant prete de la baiser, la Sœur Flavie sa maitresse, fille d’une rare vertu et foi, luy dit qu’elle fit aussi toucher son œil à la relique, où il est remarquable qu’une sœur proche qui l’entendit, dit à une autre : si cette petite guerit, sera cette fois que je diray que la Sœur Flavie fait des miracles. Remarquez encore que la Sœur Flavie en luy disant cela vit son œil plus afreux qu’à l’ordinaire, comme elle a assuré apres.

Cette petite fit donc toucher son œil au verre qui couvroit la relique enchassée, et s’etant levée pour faire place à une autre, on ne remarqua qu’un quart d’heure apres qu’elle etoit guerie, et ce fut elle qui le dit.

Or elle l’est si parfaitement, qu’il n’y a ni mauvaise senteur, ni le moindre vestige de mal, en sorte que M. Rebours son Confesseur m’a dit qu’il avoit pris un œil pour l’autre. Son oncle, M. Pascal que je vois tous les jours, me confirme la meme chose.

M. Perrier son pere arriva 2. ou 3. jours apres ce miracle 1 et je l’ay vu. Il est ravi de joie, et au lieu de tirer cette petite de là avec une sienne sœur, comme il en avoit dessein, il ne pense qu’à les y laisser.

M. d’Alencay qui l’a vue peu de jours aprés sa guerison, en a eté merveilleusement surpris, et a demandé du tems pour voir si cela continuera, avant que de donner son attestation.

On n’en fait pas grand bruit en cette sainte maison. Car M. Lejeune et M. l’abbé de Pontchateau qui y frequentent tous les jours, n’en sçavoient rien ce matin, que je leur ay apris. Ce qui vient ou de ce que ce ne sont pas là les plus

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1. Ceci est en contradiction avec ce que rapporte Le Maître dans son récit (cf. supra p. 341). Ce Journal semble avoir été rédigé un peu après les dates indiquées, sans doute sur des notes prises par l’auteur, au jour le jour.