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INTRODUCTION

I. — HISTORIQUE

Le 26 février, le docteur Sainte-Beuve, qui avait refusé de souscrire la censure fut par une lettre de cachet privé de sa chaire de professeur en théologie et exilé ; peu après, la Sorbonne prononçait l’exclusion des bacheliers qui se refuseraient à signer. On attendait d’autres mesures de rigueur; les trois fils de du Plessis Guénégaud ayant quitté les Petites Écoles avec leur précepteur, le bruit se répandit aussitôt dans Paris que tous les habitants de Port-Royal, les Religieuses mêmes, avaient été chassés. Un docteur de Sorbonne, Manessier, écrivait, le 2 mars, à Arnauld : « Nous entendons gronder le tonnerre, mais nous sommes resolus d’en attendre le coup. Priez pour nous et pour ceux qui nous persecutent. Ma consolation est que je n’ay nulle aigreur contre leurs personnes. » (Journal de d’Asson de Saint-Gilles.) Et la Mère Angélique écrivait de même, le 10 mars, à la reine de Pologne : « ... Les preparatifs de nostre persecution s’avancent tous les jours ; on attend du Tibre l’eau et l’ordre pour nous submerger à ce que l’on dit. Nostre seule esperance est en Dieu ; nous luy demandons une sincere humilité, pour nous soumettre à tous nos devoirs et souffrir tout ce qui luy plaira. On avoit eu la pensée de faire retirer tous les hermites avant qu’on les chassast. Mais tous ont une telle douleur de quitter ce desert, qu’ils ont suplié qu’on les laissast attendre l’extrémité et la dure necessité qui les obligeast de perdre un bien qui leur est si précieux qu’ils estiment cherement les jours qui leur peuvent rester. Ils prient toujours Dieu pour Vostre Majesté, et le feront partout où Dieu les conduira. On nous menace aussi de nous esloigner, mais on nous assure que ce n’est


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