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TROISIÈME PROVINCIALE 213

ce qu’il dit : Que les Peres nous monstrent un juste en la personne de S. Pierre? 1 Mais S. Augustin l’a dit en mots propres. Est-ce en ce qu’il dit: Que la grace luy a manqué ? Mais le mesme S. Augustin qui dit que S. Pierre estoit juste, dit qu’il navoit pas eü la grace en cette rencontre. Est-ce en ce qu’il dit : Que sans la grace on ne peut rien? Mais n’est-ce pas ce que S. Augustin dit au mesme endroit, et ce que S. Chrysostome mesme, avoit dit avant luy, avec cette seule difference qu’il l’exprime d’une maniere bien plus forte, comme en ce qu’il dit, Que sa cheute n’arriva pas par sa froideur ny par sa negligence, mais par le defaut de la grace, et par l’abandon de Dieu.

Toutes ces considerations tenoient tout le monde en haleine, pour apprendre en quoy consistoit 2 cette diversité, lors que cette Censure si célèbre et si attenduë, a enfin paru après tant d’assemblées. Mais helas ! elle a bien frustré nostre attente. Soit que 3 ces bons Molinistes n’ayent pas daigné s’abaisser jusques à nous en instruire, soit pour quelque autre raison secrette ; ils n’ont fait autre chose que prononcer ces paroles : Cette proposition est temeraire, impie, blasphematoire, frappée d’anatheme, et heretique 4 .

Croiriez-vous, Monsieur, que la plus part des

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1. B. Mais, manque.

2. A 2 B. [donc].

3. A 2 B. [les Docteurs] Molinistes.

4. Cf. cette note de Pascal (Pensées, fr. 925, T. III, p. 357): « La Censure défend seulement de parler ainsi de St Pierre et rien plus.»