TROISIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 193
cal a insérées dans cette réponse ont-elles été réellement écrites ? La plupart des critiques ont répondu affirmativement à cette question. Sainte-Beuve et Molinier attribuent, avec grande vraisemblance, la seconde lettre à Mlle de Scudéry ; leur affirmation s’appuie sur ce passage de la Lettre de Racine à l’auteur des hérésies imaginaires et des deux Visionnaires, p. 2 : « Vous avez assez d’ennemis ; Pourquoy en chercher de nouveaux ? ! que le Provincial estoit bien plus sage que vous? Voyez comme il flatte l’Académie dans le temps mesme qu’il persecute la Sorbonne. Il n’a pas voulu se mettre tout le monde sur les bras. Il a mesnagé les faiseurs de Romans. Il s’est fait violence pour les loüer..... Vous n’avez pas considéré que ny Monsieur d’Urfé, ny Corneille, ny Gomberville vostre ancien amy n’estoient point responsables de la conduite de Desmarets. Vous les avez tous enveloppez dans sa disgrace. Vous avez mesme oublié que Mademoiselle de Scudery avoit fait une Peinture avantageuse du Port-Royal dans sa Clelie. Cependant j’avois oüy dire que vous aviez souffert patiemment qu’on vous eust loüez dans ce Livre horrible. L’on fit venir au désert le volume qui parloit de vous. Il y courut de main-en-main, et tous les Solitaires voulurent voir l’endroit où ils estoient traitez d’illustres 1 . Ne luy a-t’on pas mesme rendu ses louanges dans l’une des Provinciales, et n’est-ce
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le luy dire. » Le 9 février, à 5 heures du matin, il lui écrivait encore qu’Arnauld ne se cachait pas avec assez de soin et que les Jésuites étaient enragés « contre notre petit Père » ; puis il ajoutait, en parlant de la seconde Provinciale : « Elle rend entièrement ridicule Madame la Faculté, et surtout les Peres Dominicains, qui se repentiront quelque jour, mais trop tard, de leur lacheté et de leur politique...Adieu, j’enverray aujourd’huy des secondes Lettres à Nantes et ailleurs au pays » (manuscrits de la Bibliothèque de Troyes, apud Sainte-Beuve, Port-Royal, 5e édition, 1888, T. III, p. 62 et 153, n.).
1. Le tome VI de la Clélie (p.1138 sqq.) où sont renfermés ces éloges fut achevé d’imprimer le 15 février 1657. — Dans les Pensées, fr. 13, T. I, p. 26, il y a une remarque de Pascal relative à un personnage du Grand Cyrus (1647), Cléobuline, qui passait pour être le portrait de la reine Christine.
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