Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/245

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Moine arriva par un bon-heur que je croyois extraordinaire ; mais j’ay sceu depuis que leur rencontre n’est pas rare, et qu’ils sont continuellement meslez les uns avec les autres.

Je dis donc à mon disciple de Monsieur le Moine. Je connois un homme qui dit que tous les justes ont tousjours le pouvoir de prier Dieu, mais que neantmoins ils ne prieront jamais sans une grace efficace qui les determine, et laquelle Dieu ne donne pas tousjours à tous les justes. Est-il heretique ? Attendez, me dit mon Docteur, vous me pourriez surprendre. Allons[1]donc doucement, Distingo[2], s’il appelle ce pouvoir, pouvoir prochain, il sera Thomiste, et partant Catholique ; sinon il sera Janseniste, et partant heretique. Il ne l’appelle, luy


tibi is quem antè conveneram, Doctoris Moynii discipulus advenit, tam opportunè, ut hoc non fortuitum, sed divinum putarem. Post tamen comperi nil esse novi, assiduéque illos inter se consilia conferre.

Ergo illum intuens : ego, inquam, quemdam hîc novi sic sentientem : Justis deprecandi Dei potestatem nunquam deesse, nec tamen quemquam ex illis reipsa deprecari, nisi efficacem gratiam, non omnibus justis concessam, cælitùs acceperit. An tu illum hæreticum dices ? Tum ille noster : Mane, inquit ; non ægrè hìc me illaquearis. Pedetentim ergo et cautè. Distinguo : Si hanc potestatem quam justis largitur, proximam appellet, Thomista erit et catholicus ; sin minùs, Jansenista erit, atque adeò hæreticus. Ibi tum ego : Nec proximam, in-

  1. A2, donc, manque.
  2. M. Le Moine était fameux par son ingéniosité à inventer des distinctions. Cf. une allusion à cette habitude dans l’écrit attribué à Nicole, supra p. 113.