Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/185

Cette page n’a pas encore été corrigée

V

EXTRAIT D’UNE LETTRE DE LA SOEUR

JACQUELINE DE SAINTE EUPHEMIE PASCAL

A MONSIEUR PASCAL, SON FRERE 1

Le I. Decembre 1655.

On m’a congratulée pour la grande ferveur qui vous eleve si fort au-dessus de toutes les manieres communes, que vous mettez les balais 2 au rang des meubles superflus... Il est necessaire que vous soyez, au moins durant quelques mois, aussi propre que vous estes sale, afin qu’on voye que vous reussissez aussi bien dans l’humble diligence et vigilance sur la personne qui vous sert, que dans l’humble negligence de ce qui vous touche ; et apres cela, il vous sera glorieux et edifiant aux autres de vous voir dans l’ordure, s’il est vray toutefois que ce soit le plus parfait, dont je doute beaucoup, parce que Saint Bernard n’estoit pas de ce sentiment 3 .

_____________________________________________________________

1. « L’original de cette Lettre est dans la bibliothèque des PP. de l’Oratoire de Clermont » (note du P. Guerrier).

2. La leçon valets, correction récente d’un manuscrit inférieur, n’a aucune autorité.

3. On a fort discuté sur cette lettre, en ne remarquant peut-être pas assez l’ironie amusée qui est dans la manière ordinaire de Jacqueline. Pascal était alors revenu rue Beaubourg, puisqu’il avait avec lui « une personne qui le sert », Madame Pinel. — La citation de St Bernard a été retrouvée par le P. Petitot: Pascal. Sa vie religieuse, et son Apologie du Christianisme, 1911, p. 100; elle se trouve dans la vie du saint, lib. III. c. 2. n. 5. In vestibus ei paupertas semper placuit, sordes nunquam.

2 e série. I 6