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IV

LETTRE DE LA SŒUR
JACQUELINE DE SAINTE-EUPHÉMIE PASCAL
À MONSIEUR PASCAL, SON FRÈRE

Gloire à Jesus au Tres-saint Sacrement.


Ce 26. Octobre 1655.

Mon tres cher frere,

L’obeïssance et la charité me font rompre le silence avec vous la premiere, lorsque j’y pensois le moins ; je vous le declare, afin que vous ne vous en scandalisiez pas.

Nos Meres m’ont commandé de vous escrire afin que vous me mandiez toutes les circonstances de vostre methode pour apprendre à lire par be, ce, de, etc. où il ne faut point que les enfans sçachent le nom des lettres[1]. Car je

  1. Le 31 janvier 1656, au lendemain de la censure de Sorbonne, Arnauld caché à l’hôtel des Ursins écrivait à sa nièce la Mère Angélique de Saint Jean : « ……… Vous rirez de ce qui me donne occasion de vous escrire. Il y a un petit garçon d’environ 12. ans qui ne sçait pas lire : j’ay envie d’essaier si il le pourra apprendre par la methode de M. Paschal. C’est pourquoy je vous prie d’achever ce que vous aviez commencé d’en mettre par escrit, et de nous l’envoyer. Je ne scay si la Mere a bien voulu que vous lussiez la Lettre à un Provincial. Je voudrois bien sçavoir ce qu’elle en a dit. » (Mémoires manuscrits de Beaubrun, Bibliothèque Nationale, f. fr. 13895-6).

    La Grammaire générale et raisonnée de Port-Royal, Paris, 1660, utilise