Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/119

Cette page n’a pas encore été corrigée

15


I

EXTRAIT D’UNE LETTRE DE LA SŒUR

JACQUELINE DE SAINTE-EUPHEMIE PASCAL

A MADAME PERIER, SA SŒUR

Ce 8. Decembre 1654.

.....Il n’est pas raisonnable que vous ignoriez plus longtems ce que Dieu opere dans la personne qui nous est si chere ; mais je desire que ce soit luy mesme qui vous l’apprenne, afin que vous en puissiez moins douter. Tout ce que je vous puis dire n’ayant pas de tems, c’est qu’il est par la misericorde de Dieu dans un grand desir d’estre tout à luy, sans neanmoins qu’il ait encore determiné dans quel genre de vie; et qu’encore qu’il ait depuis plus d’un an un grand mepris du monde et un degout presque insupportable de toutes les personnes qui en sont, ce qui le devroit porter selon son humeur bouillante à de grands excès, il use néanmoins en tout cela d’une moderation qui me fait tout-à-fait bien esperer..... Il est tout rendu à la conduite de M. S[inglin]; et j’espere que ce sera dans une soumission d’enfant, s’il veut de son costé le recevoir, car il ne luy a pas encore accordé ; j’espere neanmoins qu’à la fin il ne nous refusera pas.

Quoiqu’il se trouve plus mal qu’il n’ait fait depuis longtems, cela ne l’eloigne nullement de son entreprise, ce qui montre que ses raisons d’autrefois n’estoient que des